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La chemise sans repassage – La question du formaldéhyde

La chemise sans repassage est le produit dont tout le monde rêve. Finies les corvées et les chemises avec des faux-plis. Mais comment l’Industrie fait pour atteindre un tel objectif ?

Publié le

par Guillaume Recorbet

Introduction

L’Industrie textile se révolutionne régulièrement depuis l’ère industrielle. Elle vise un objectif principal : répondre à nos besoins d’habillement.

Nul doute qu’une chemise d’aujourd’hui en coton n’a pas les mêmes qualités qu’une chemise du XIXème siècle. Déjà dans sa forme et dans sa coupe, mais certainement aussi dans la qualité de son coton, dans la finesse et la douceur de sa popeline.
Sans se replonger dans L’Assommoir d’Emile Zola, la corvée de repassage est différente de cette époque. Déjà parce que nous avons des fers à repasser électriques, ensuite parce que l’entretien est devenu plus facile grâce aux produits ménagers (utilise-t-on encore de l’amidon ?), et enfin (et certainement) parce que nos chemises sont produites différemment.

Les industriels ont bien compris que le repassage était une corvée.
Il est courant qu’un homme utilise une chemise par jour, donc un minimum de 5 chemises par semaine. Si le lavage en machine est devenu aisé, le séchage et le repassage sont encore une autre étape. Passer 10 min par chemise ? Non merci !
Vous êtes nombreux à aborder le sujet lors de nos rencontres (je devrais dire « vous êtes nombreuses » car ce sont majoritairement les femmes qui abordent ce sujet). C’est donc que l’étape du repassage vous rebute.

Les industriels ont donc planché sur la question et proposent des solutions. Les fameuses « chemises sans repassage » ou « chemises infroissables » que vous pouvez trouver en magasin.
Mais pour qu’un coton obtienne de telles qualités, c’est bien qu’il a fallu le traiter, ou l’enduire. Quels sont ces produits chimiques ? Quel impacte pour le client ?

Je me suis donc focalisé sur un cas d’usage largement traité dans les travaux de recherche : l’utilisation du Formaldéhyde dans les process industriels et les traces de formaldéhyde que l’on retrouve sur le vêtement final, et donc en contact avec votre peau.

Le formaldéhyde

1. Qu’est-ce que le formaldéhyde ?

Le formaldéhyde est un composé organique – il fait partie de la chimie organique (comprendre chimie qui s’intéresse aux composés du carbone).

Le nom scientifique du formaldéhyde est le méthanal. On le nomme aussi aldéhyde formique ou…formol.
Dans la nomenclature des composés chimiques, c’est un méthan-al (comprendre un aldéhyde avec un seul atome de carbone).

Sa formule chimique est le CH2O.

Il a été isolé et identifié la première fois à partir d’un distillat d’acide formique – l’acide généré par les fourmis et certains autres insectes.
Nous sommes en 1859 lorsqu’il a été synthétisé pour la première fois par le chimiste russe Alexander Boutlerov. En 1867, le chimiste allemand August Wilhelm von Hofmann identifie aussi ce composé organique [1].

Le terme formol, que nous connaissons tous, désigne plus précisément une solution aqueuse avec une concentration entre 3.7% et 4% en formaldéhyde.

Comme nous le savons, le formol est utilisé comme fixateur de cadavres.
Quant au méthanal, il est utilisé comme désinfectant, conservateur, en dentisterie, pour embaumer les corps, comme inhibiteur de corrosion, …
Il est communément utilisé dans l’Industrie comme combiné (au phénol, à l’urée ou aux mélamines) : il permet de générer alors des résines thermodurcissables (colles et résines).
Il est aussi utilisé pour générer des polyols, utilisé dans des peintures, des mousses polyuréthanes et des résines.

Si vous êtes bricoleur, vous aurez compris que l’on retrouve le formaldéhyde dans nombre de produits de bricolage et/ou d’ameublement.

Étant gazeux à température ambiante, le formaldéhyde est donc identifié comme Composé Organique Volatile (COV) et fait partie des substances prioritaires identifiées par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) [2] dans la mise en place des étiquettes des produits d’ameublement sur leur émissivité en polluants volatils [3].

En résumé, ce sont les métiers des secteurs vétérinaires, du médical en général, des industries (dont le textile), de l’agriculture (fertilisants) qui le côtoient le plus [4]. 

2. Comment le produit-on ?

Le formaldéhyde est présent naturellement dans l’atmosphère.

Il est le résultat d’une combustion partielle de composés contenant du carbone. On le retrouve par exemple à la sortie de nos pots d’échappement, dans la fumée de nos cigarettes, mais aussi lors de la combustion des forêts.
La décomposition des végétaux en génère aussi.

Annuellement, ce sont 10 millions de tonnes qui sont relâchées dans l’atmosphère terrestre, pour 64% issus de la végétation, pour 26% des feux de forêts et “seulement” 10% issus des activités humaines.

A ce titre, le formaldéhyde se retrouve dans notre sang à hauteur de 2 à 3 mg/L.

D’un point de vue industriel, le formaldéhyde est obtenu par oxydation catalytique partielle du méthanol (CH3OH). Deux procédés majeurs sont utilisés : soit avec un catalyseur à base d’argent (oxydation partielle), soit avec un catalyseur à base d’un mélange d’oxyde de fer, de molybdène et de vanadium (oxydation totale).

Dans les deux cas, c’est sous une température respective de 650°C ou de 400°C.

En 2016, la production mondiale de formaldéhyde a été de 19 Mt / an. La chine est le premier producteur (6 Mt / an), l’Europe est deuxième (4 Mt / an) et les USA troisième (2 Mt / an) [5].
Le formaldéhyde étant difficile à transporter, la production et l’utilisation sont souvent sur des sites proches.

3. En quoi est-il dangereux ?

C’est en 2004 que le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC en français, IARC en anglais) publie un rapport et classifie le formaldéhyde comme “substance cancérogène pour l’homme”, groupe 1. Ce groupe rassemble 128 “agents” dont la cancérogénicité a été avérée.

En 2006, la France identifie le formaldéhyde comme cancérogène au sens du code du travail.

En 2009, le cancer du nasopharynx est reconnu comme maladie professionnelle sous réserve d’une exposition de 5 ans à des produits chimiques issus du formaldéhyde.

En 2011, l’ANSES publie une demande de classement du formaldéhyde comme cancérogène au niveau européen.

En 2014, le formaldéhyde est classé dans les catégories suivantes : “Cancérogénicité“ de catégorie 1B, “Mutagène” de catégorie 2, “Toxicité aigüe par contact avec la peau ou par ingestion” de catégorie 3, “Corrosion cutanée” de catégorie 1B et “Sensibilisation cutanée” de catégorie 1 [6] par l’Europe.

Afin de documenter les usages, l’ANSES a rédigé en 2008 deux rapports d’expertise qui permettent d’évaluer les risques sanitaires dans les milieux domestiques [7] et professionnels. Ce travail a notamment permis de définir des Valeurs Toxicologiques de Références.

Le formaldéhyde exerce une toxicité locale au niveau des sites d’exposition (ORL, oeil, …). Il a des effets sanitaires par voies aériennes, orales et cutanées.

Du formaldéhyde dans les textiles

1. A quoi sert-il ?

L’adjonction de produits chimiques a lieu au cours de chacune des étapes de production. En partant de l’agriculture, à l’étape de cardage, la filature, la teinture ou aussi le traitement final du tissu.

Cette dernière étape – l’ennoblissement ou apprêt – a pour visée de donner au tissu les caractéristiques finales attendues. Une popeline pour une chemise sans repassage va donc subir un traitement différent d’un tissu d’ameublement (traitement anti-feu par exemple) qui va respecter des normes différentes d’un tricot pour des nourrissons.

C’est à l’étape d’ennoblissement (ou apprêt) qu’un ensemble de produits chimiques vont être appliqués.
Certains produits chimiques renforcent la résistance du tissu, ou l’assouplissent, le protègent des tâches de graisse, facilitent le nettoyage, imperméabilisant, …

Le formaldéhyde est principalement utilisé pour rendre infroissable, pour augmenter la résistance et pour imperméabiliser votre tissu [8].

2. Quelle dangerosité ?

Comme expliqué au paragraphe précédent, le formaldéhyde présente une dangerosité tant par voie orale, que respiratoire ou cutanée.

Or nos textiles peuvent être concernés par ces 3 voies :

  • Voie cutanée : les textiles dont l’objectif est d’être porté à-même la peau sont différenciés des textiles qui n’ont pas cet objectif-là (un manteau n’a donc pas la même classification qu’un t-shirt) ;
  • Voie respiratoire : parce que nous portons nos vêtements toute la journée et parce que la température de notre corps est de 38°C, le formaldéhyde étant par définition une substance chimique volatile, les vêtements sont donc concernés par la problématique respiratoire ;
  • Voie orale : qui aura vu un enfant mettre en bouche un textile (tissu, peluche, coussin, …) comprendra rapidement que la voie orale est aussi une voie identifiée par les scientifiques.

3. Quelle est la réglementation européenne ?

L’Union Européenne s’est dotée en 2007  d’une réglementation dédiée à la fabrication et à l’utilisation des substances chimiques dans l’Industrie européenne : c’est la Réglementation REACH (règlement 1907/2006).

La règlement REACH (pour Registration, Evaluation, Authorization and restriction of CHemicals) vise à identifier, enregistrer, évaluer, autoriser et donc restreindre l’utilisation, l’importation, la production et la mise sur le marché des substances chimiques.

Au 31 Mai 2018, c’est environ 20.000 substances qui sont identifiées et leurs risques potentiels établis. Depuis le 31 Mai 2018, toute substance non identifiée ne peut être produite ni importée à plus d’1 tonne par an.
Pas de données, pas de marché [9].

Ce travail a permis d’identifier les substances dites CMR, soient les substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (voir paragraphe précédent). Ces substances sont les plus préoccupantes aux yeux de la réglementation REACH.

En ce qui concerne le textile, 33 substances CMR ont été identifiées et analysées. Le formaldéhyde en fait partie.

Conformément au règlement 2018/1513 [10], la concentration maximum pour la voie cutanée (sur des matières homogènes) du formaldéhyde est de 75 mg/kg.

Pour compléter ce taux applicable à la voie cutanée, des valeurs limites d’exposition professionnelles (voie aérienne) sont établies dans la directive 2019/983 de l’Union Européenne [11] : 

  • pas plus de 0,3 ppm, soit 0,37 mg/m3 pour une exposition de 8h ;
  • pas plus de 0,6 ppm, soit 0,74 mg/m3 pour une exposition de 15 min.

Nous n’avons pas identifié de seuil limite pour ce qui concerne la voie orale.

Comment s’assurer de la présence du formaldéhyde ? Les labels

Si les industriels ont l’obligation de respecter les réglementations, ils ont moins d’obligations en termes de communication.
Pour cela, il existe des labels qui permettent de faire estampiller son produit selon un standard qui vise à renouer la confiance du consommateur. Il est courant de voir des marques ou des industriels mettre en avant un label.

Comme vous le verrez, les deux labels ne proposent que des limites aux expositions cutanées, et non aux expositions respiratoires ou orale.

1. Oeko Tex Standard 100

Le label Oeko Tex Standard 100 est peut-être l’un des plus connus de nos jours.
Il vise à labelliser tous les textiles une fois sorti de production. C’est donc sur le textile fini (après l’étape d’ennoblissement) que les tests sont réalisés – les textiles qui seront donc en contact avec votre peau.
Ce label a sa maison-mère en Suisse.

Les seuils limites appliqués au formaldéhyde sont les suivants [12] :

  • Pour les bébés : valeur minimale de 16 mg/kg de tissu ;
  • Pour les vêtements en contact direct avec la peau : 75 mg/kg ;
  • Pour les autres vêtements : 150 mg/kg.

2. Ecolabel

Créé en 1992, l’Ecolabel est le seul à être officialisé par l’Union Européenne. Sa définition et sa description sont accessibles à tous [13].
Ce label est encore plus restrictif que le label Oeko Tex Standard 100 quand il s’agit du formaldéhyde [14] :

  • Pour les bébés : valeur minimale de 16 mg/kg ;
  • Pour les vêtements en contact direct avec la peau : 16 mg/kg ;
  • Pour les autres vêtements : 75 mg/kg.

C’est grave docteur ?

Il existe différentes études réalisées par différents pays pour vérifier la présence de formaldéhyde dans nos vêtements.

Je me suis focalisé volontairement sur des études européennes. Voici la liste des études et travaux de recherche :

IDPaysAnnéeNb d’échantillonsRéférence
1Espagne2022120[15]
2Europe201714[16]
3Union Européenne2007221[17]
4Danemark200310[18]

Ces études sont réalisées sur des vêtements achetés dans des magasins revendeurs, dans des centres commerciaux et sur des marchés ouverts. 
Les vêtements peuvent avoir été achetés uniquement dans le pays concerné par l’étude, ou ventilés sur l’ensemble des pays concernés (études européennes).

1. Première étude – Le test de l’extraction à l’eau

Le test de l’extraction à l’eau est le test le plus réalisé. Définit par la norme EN ISO 14184-1, il consiste à baigner pendant 2h30 dans une eau à 40 °C les échantillons standardisés extraits des vêtements testés. Le taux de formaldéhyde est ensuite mesuré dans l’eau.
Ce test a été réalisé par les études 1, 2, 3 et 4.

Résultats :

IDNb d’échantillons< 20 mg/kg< 30 mg/kg< 75 mg/kg> 75 mg/kg
1124106131
214121181
3221173255
410721

Information complémentaire – les vêtements sont variés et peuvent être classifiés selon différentes familles :

  • Des vêtements adultes, des vêtements pour enfants et des vêtements pour bébés ;
  • Des vêtements en contact direct et prolongé avec la peau, et des vêtements “de dessus” ;
  • Des vêtements en mono-couleur, multi-couleurs, imprimés, .
  • Des matières différentes : 100% coton, 100% laine, des mix naturel-synthétique, des polyesters, …

Analyser les résultats en fonction des familles peut apporter des réponses pertinentes :

  • La concentration est plus élevée pour les vêtements adultes que pour enfants et bébés ;
  • Étrangement, les vêtements en contact prolongé avec la peau ont une concentration plus élevée ;
  • Les vêtements mono-couleurs ont une concentration plus élevée que les vêtements multi-couleurs. Les vêtements teints ont une concentration plus élevée que les vêtements imprimés ;
  • Les vêtements en matière mixée naturelle et synthétique ont une concentration plus élevée que les vêtements mono-matière (coton ou laine ou synthétique).

Le résumé des résultats de l’étude 3 mentionne précisément que toutes les “catégories de textiles étaient présentes parmi les échantillons qui relarguent du formaldéhyde plus que le seuil des 30 mg/kg, mais les chemises semblent être la catégorie avec le plus haut risque de dépasser les 30 mg/kg. De plus, 5 des 10 échantillons labellisés ‘chemises sans repassage’ allaient au-delà des limites de l’Ecolabel” (ndlr : les seuils Ecolabel de l’époque étaient de 30 mg/kg et non 16 mg/kg comme aujourd’hui). 
Une statistique bien plus élevée que les 22% d’échantillons de l’étude 3 dépassant ce seuil de 30 mg/kg.

Résultat corroboré par l’étude 2 dont la valeur la plus élevée a été obtenue à partir d’une chemise.

2. Deuxième étude – Le test de l’extraction à la vapeur

Ce test n’a été réalisé que par l’étude 3.
Ce test est décrit par la norme EN ISO 14184-2. Il est donc un test officiel, et l’étude nous montre qu’il apporte des résultats différents du premier test.

Contrairement au test EN ISO 14184-1 qui comportait 221 échantillons, le test -2 ne se base que sur 127 échantillons.

TestNb d’échantillons< 20 mg/kg< 30 mg/kg< 75 mg/kg> 75 mg/kg
Extraction à l’eau22117325185
Extraction à la vapeur1279481015

On remarque rapidement que le test d’extraction à la vapeur a une tendance à pousser les résultats à la hausse : 15 échantillons dépassent les 75 mg/kg alors que seuls 5 échantillons dépassaient ce seuil dans le test -1.

Le résultat le plus élevé est de 397,3 mg/kg avec le test -2 alors qu’il n’était que de 162,5 mg/kg pour le test -1.

Le pire échantillon du test -2 avec le résultat de 397,3 mg/kg remportait un résultat déjà élevé au test -1 avec une concentration de 105,2 mg/kg (échantillon 188 – une chemise sans repassage).

Le pire échantillon du test -1 avec le résultat de 162,5 mg.kg montre une concentration de 318,2 mg/kg (échantillon 121 – un t-shirt).

La courbe suivante compare les résultats du Test -1 (abscisse) avec les résultats du test -2 (ordonnée) :

On note donc une corrélation entre les résultats du test -1 et du test -2 de la norme ISO EN 14184 :

  • Plus les vêtements relarguent avec le test -1, plus ils relarguent avec le test -2 ;
  • Les vêtements relarguant beaucoup avec le test -1 relarguent 2x voire 3x plus avec le test -2.

3. Résultats complémentaires

Différents tests ont été réalisés dans ces travaux de recherches et viennent compléter les informations déjà partagées.

3.1 Test d’émission dans l’air

C’est l’étude 2 qui nous éclaire spécifiquement sur l’émissivité des formaldéhydes dans l’air.

Les résultats montrent une émissivité de 3, 4 ou 5 µg/m3.h.
Comparé aux valeurs limites d’exposition professionnelles de 370 µg/m3, on comprend rapidement que ce n’est pas 1 vêtement qui va polluer en Composés Organiques Volatiles toute votre chambre.

Mais on comprend aussi que cette émissivité peut avoir des impacts plus élevés dans une Industrie. Lorsque la ligne de production manipule une bonne centaine de chemises chaque jour, lorsque les rouleaux de tissus sont stockés au même endroit que la ligne de production, cela devient plus problématique.

Il est donc important d’avoir de bonnes conditions de travail, un lieu avec une ventilation régulière, une possibilité de faire mesurer l’air ambiant, …

3.2 Eléments extérieurs impactants

D’autres éléments viennent augmenter l’émissivité ou le relargage de formaldéhyde.

Ainsi, l’étude 2 nous montre que la température et l’humidité viennent augmenter l’émissivité dans l’air des vêtements.

L’étude 3 nous montre que des tests d’extraction à la transpiration augmentent le relargage de formaldéhyde (réalisé sur 3 échantillons). Ils ont en effet réalisé une nouvelle étude suivant le test EN ISO 14184-1, mais au lieu de faire baigner les échantillons dans une eau neutre, ils les ont fait baigner dans une eau acide ou basique.
Que ce soit en présence d’une eau acide ou d’une eau basique, le relargage en formaldéhyde augmente comparé à un bain dans l’eau.

De même, l’étude 3 réalise ce dernier test (acide et basique) sur 12 échantillons qui vont être simulés à la friction (lavage gyroscopique simple, et lavage gyroscopique avec 10 billes de 12 mm d’acier inoxydable).
Les résultats sont parlants : les lavages gyroscopiques augmentent (et parfois doublent) les résultats.

Alors cette chemise sans repassage ?

1. Pré-conclusion

Comme nous l’avons vu, les formaldéhydes sont toujours présents dans nos vêtements.

Si certaines études nous informent sur les familles de produits les plus impactées (les chemises sans repassage ayant les résultats les plus élevés), on observe pour autant que les tests EN ISO 14184-1 montrent des résultats qui ne sont pas alarmants eu égard à la réglementation européenne et le label Oeko Tex Standard 100.

Toujours en lien avec la norme EN ISO 14184-1, on remarque qu’il est plus difficile de trouver des vêtements qui respectent l’Ecolabel proposé par l’Union Européenne.

La norme EN ISO 14184-2 apporte un doute quant aux outils de mesure. Les résultats des tests sont plus élevés, et questionnent quant au taux de présence du formaldéhyde.

Les autres études nous montrent que l’utilisation courante, régulière et normale de nos vêtements augmente le relargage : friction, température corporelle et transpiration.

2. Le lavage en machine

Finissons par une touche positive : l’étude 1 et 4 ont réalisé des tests de lavage. Ils démontrent qu’un ou quelques lavages viennent drastiquement réduire le relargage en formaldéhyde.

L’étude 3 est encore un peu plus précise. 3 lavages successifs permettent à l’échantillon T122 de passer d’un relargage de 88 mg.kg à moins de 20 mg/kg (test EN ISO 14184-1).
En utilisant le test EN ISO 14184-2, il faudra attendre plus de 6 lavages pour y arriver.

Mais êtes-vous prêts à nettoyer 6 fois votre chemise sans repassage avant de la porter ?

Comme nous l’avons vu, le formaldéhyde est un élément courant de l’Industrie moderne. Cette molécule fait partie des produits d’ennoblissement et d’apprêt de l’Industrie textile.
La France et l’Europe ont identifié, analysé et réglementé son utilisation et sa présence dans nos vêtements. Ce afin de protéger le consommateur que nous sommes, et aussi les salariés qui travaillent dans l’ombre.
Les mesures scientifiques ne sont pas unanimes et ne présentent pas des résultats parfaits, mais peuvent être rassurants dans l’ensemble.
La présence de labels permet de mieux communiquer et ainsi de rassurer un peu plus les consommateurs. Oeko Tex en est le plus courant.
Si nous savons maintenant qu’une utilisation normale d’un textile génère un relargage de formaldéhyde, nous savons aussi qu’un ou plusieurs nettoyages en machines sont conseillés avant une première utilisation.
Pour finir, les tests sont tout de même assez clairs sur une chose : la « chemise sans repassage » ou la « chemise infroissable » reste un doux rêve qui représente un risque pour votre santé et celle des couturiers.

[1] : https://www.universalis.fr/encyclopedie/august-wilhelm-von-hofmann/
[2] : https://www.anses.fr/fr/content/formald%C3%A9hyde-vers-la-recherche-d%E2%80%99alternatives
[3] : https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2013sa0040Ra.pdf
[4] : https://www.cancer-environnement.fr/fiches/expositions-environnementales/formaldehyde/#:~:text=Le%20formald%C3%A9hyde%20est%20une%20substance,de%20m%C3%A9thanal%20ou%20ald%C3%A9hyde%20formique
[5] : https://lelementarium.fr/product/formaldehyde/
[6] : https://www.inrs.fr/risques/formaldehyde/ce-qu-il-faut-retenir.html
[7] : https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2004et0016Ra-2.pdf
[8] : https://www.ineris.fr/fr/ineris/actualites/textile-substances-chimiques-entourent#:~:text=Le%20formald%C3%A9hyde%20contribue%20%C3%A0%20rendre,d’obtenir%20des%20tissus%20imperm%C3%A9ables
[9] : https://www.ecologie.gouv.fr/reglementation-reach
[10] : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32018R1513&qid=1705507717572
[11] : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32019L0983
[12] : https://www.oeko-tex.com/importedmedia/downloadfiles/OEKO-TEX_STANDARD100_Standard_EN_DE.pdf
[13] : https://environment.ec.europa.eu/topics/circular-economy/eu-ecolabel-home_en
[14] : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32014D0350
[15] : Herrero M. ; Gonzalez N. ; Ravira J. ; Marquès M. ; Domingo J.L. ; Nadal M. – Early Life Exposure to Formaldehyde through Clothing – Toxics 2022, 10, 361
[16] : Aldag N. ; Gunschera J. ; Salthammer T. – Release and absorption of formaldehyde by textiles – Cellulose 2017, 24:4509-4518
[17] : Piccinini P. ; Senaldi C. ; Summa C. – European survey on the release of formaldehyde from textiles – Institute for Health and Consumer Protection, Directorate-Generale Joint Research Centre, European Commission, Luxembourg, 2007
[18] : Laursen S.E. ; Hansen O.C. ; Pedersen E. ; Pommer K. ; Hansen J. – Survey of chemical compounds in textile fabrics, Technical report – Danish Environnemental Protection Agency, 2003

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